La mise en sécurité des installations électriques dans les bâtiments tertiaires et industriels doit être conforme à la règlementation dans le Code du travail depuis leur conception pour sécuriser les utilisateurs. Quels sont les conseils à suivre pour sécuriser les installations électriques d’un bâtiment tertiaire et industriel ? Quels sont les différents types d’éléments électriques indispensables dans un bâtiment tertiaire ?
Analyse des risques électriques et prévention
Les installations électriques industrielles présentent des dangers particuliers qui nécessitent une approche rigoureuse de la prévention. L'identification et l'évaluation des risques électriques constituent le fondement de toute démarche de sécurisation efficace dans l'environnement industriel français.
Identification des risques électriques majeurs en milieu industriel
Les
chocs électriques représentent le danger le plus immédiat dans les installations industrielles. Ces contacts directs ou indirects avec des parties sous tension peuvent provoquer des brûlures graves, des arrêts cardiaques ou des chutes mortelles. Les
courts-circuits constituent un autre risque majeur, générant des arcs électriques pouvant atteindre plusieurs milliers de degrés et causant des projections de métal en fusion.
Les
incendies d'origine électrique résultent souvent de défauts d'isolement, de surcharges ou d'échauffements anormaux des conducteurs. Dans l'industrie, ces incidents peuvent rapidement se propager aux matières inflammables stockées ou utilisées dans les processus de production. Les
explosions surviennent particulièrement dans les atmosphères explosives (ATEX) où les étincelles électriques peuvent déclencher des déflagrations dévastatrices.
Il y a deux sortes de surintensités qui sont les surcharges et le court-circuit et ils sont très dangereux. Pour l’éviter, il suffit d’installer un disjoncteur magnéto thermique qui permet de faire une coupure automatique de l’alimentation. La présence de l’IC60 permet de limiter le danger quand le courant surpasse la valeur supportée durant un moment défini.
Statistiques des accidents électriques en France
Selon les données de l'Assurance Maladie, le secteur industriel français enregistre environ
3 200 accidents du travail d'origine électrique par an, dont 15 à 20 sont mortels. Les statistiques de 2023 révèlent que
68% de ces accidents surviennent lors d'opérations de maintenance ou de dépannage, tandis que
23% sont liés à des défaillances d'équipements vieillissants.
Type d'accident |
Pourcentage |
Gravité moyenne |
Choc électrique |
45% |
Élevée |
Brûlure par arc |
28% |
Très élevée |
Incendie électrique |
18% |
Variable |
Explosion ATEX |
9% |
Critique |
Principes fondamentaux de la prévention électrique
L'
évaluation des risques doit analyser trois composantes principales : les caractéristiques de l'installation électrique (domaines de tension, sources primaires et secondaires), l'environnement de l'opération (proximité de pièces sous tension, possibilité de chutes d'outils) et les tâches accomplies par les opérateurs (position, gestes normaux et réflexes possibles).
Formation et habilitation du personnel
Conformément aux articles L. 4121-1 à L. 4121-5 du Code du travail, l'employeur doit
former ses salariés à la prévention du risque électrique. Cette formation vise à faire acquérir la compétence nécessaire pour exercer l'activité en toute sécurité. À l'issue de cette formation, l'employeur délivre une
habilitation électrique adaptée aux opérations concernées.
Les
instructions de sécurité doivent préciser les conditions d'utilisation des équipements, des moyens de protection et être adaptées à la nature des tâches. Cette communication des risques aux travailleurs s'avère déterminante pour maintenir un niveau de vigilance constant sur les sites industriels.
Surveillance et contrôle continus
Dans le contexte énergétique actuel, surveiller et contrôler les installations électriques est devenu indispensable pour garantir le bon fonctionnement des lignes de production tout en évitant une surconsommation d'énergie. Les systèmes de mesure permettent une détection précoce des anomalies et une intervention rapide avant l'apparition de situations dangereuses.
Dispositifs de protection indispensables pour une installation sécurisée
Les installations électriques industrielles nécessitent des systèmes de protection performants pour garantir la sécurité du personnel et la continuité des opérations. Ces dispositifs constituent la première ligne de défense contre les risques électriques majeurs identifiés lors de l'analyse préventive.
Le disjoncteur général : protection fondamentale contre les surintensités
Le
disjoncteur général constitue l'élément central de protection dans toute installation industrielle. Positionné en tête d'installation, il détecte automatiquement les
surintensités et les
courts-circuits, coupant instantanément l'alimentation électrique lorsque l'intensité dépasse les valeurs nominales. Selon la norme
NF C 15-100, ce dispositif doit être dimensionné en fonction du courant maximal admissible de l'installation.
Les disjoncteurs industriels modernes intègrent des courbes de déclenchement magnétothermiques permettant une protection différentielle selon la nature du défaut. Pour une installation de 630 A, par exemple, le disjoncteur déclenchera en 0,1 seconde en cas de court-circuit franc, mais tolérera une surcharge temporaire de 20% pendant plusieurs minutes.
Protection différentielle : surveillance des fuites de courant
Les
interrupteurs différentiels surveillent en permanence l'équilibre entre les courants entrant et sortant d'un circuit. Dès qu'une différence supérieure au seuil de sensibilité est détectée (généralement 30 mA pour la protection des personnes, 300 mA pour la protection des biens), le dispositif interrompt automatiquement l'alimentation.
Dans les environnements industriels humides ou poussiéreux, cette protection s'avère particulièrement importante. Les normes
IEC 60364 imposent l'installation de dispositifs différentiels de type A pour les circuits alimentant des équipements électroniques, et de type AC pour les circuits classiques.
Répartition optimale des protections différentielles
La segmentation des circuits par zones fonctionnelles permet d'éviter les déclenchements intempestifs. Une installation industrielle de 2000 m² nécessite généralement :
Zone |
Sensibilité |
Type |
Bureaux |
30 mA |
A |
Atelier |
300 mA |
AC |
Machines-outils |
30 mA |
A |
Éclairage |
300 mA |
AC |
Parafoudres : bouclier contre les surtensions
Les
dispositifs de protection contre les surtensions (DPS) protègent les équipements sensibles des pics de tension d'origine atmosphérique ou de manoeuvre. Installés selon un principe de coordination à trois niveaux, ils écrêtent progressivement les surtensions :
- Type 1 : protection grossière en tête d'installation (Up ≤ 4 kV)
- Type 2 : protection moyenne au niveau des tableaux divisionnaires (Up ≤ 2,5 kV)
- Type 3 : protection fine près des équipements sensibles (Up ≤ 1,5 kV)
Une installation récente dans une usine automobile de la région lyonnaise a démontré l'efficacité de cette approche. Équipée de parafoudres coordonnés selon les recommandations
NF C 15-100, l'installation a résisté sans dommage à un orage violent générant des surtensions de 6 kV sur le réseau d'alimentation.
Mise en oeuvre conforme aux exigences normatives
L'installation de ces
dispositifs de protection respecte des règles strictes de positionnement et de raccordement. Les disjoncteurs doivent être accessibles pour la maintenance, les différentiels installés en amont des circuits qu'ils protègent, et les parafoudres raccordés avec des conducteurs les plus courts possible pour minimiser l'inductance parasite.
La coordination entre ces différents niveaux de protection garantit une
sécurité optimale tout en maintenant la sélectivité des déclenchements, évitant ainsi les coupures généralisées lors d'incidents localisés.
Importance des normes et réglementations pour une installation conforme
La conformité aux normes électriques constitue le socle sur lequel repose la sécurité de toute installation industrielle. Cette exigence réglementaire, loin d'être une simple formalité administrative, garantit la protection des personnes et des biens contre les risques électriques majeurs.
Le cadre normatif français et européen
La
norme NF C 15-100 représente la référence incontournable pour les installations électriques basse tension en France. Cette réglementation, régulièrement mise à jour, définit les prescriptions techniques relatives à la conception, la réalisation et l'entretien des installations électriques alimentées sous une tension nominale inférieure ou égale à 1 000 volts en courant alternatif.
Au niveau européen, la
directive basse tension 2014/35/UE harmonise les exigences de sécurité pour tous les équipements électriques commercialisés dans l'Union européenne. Cette directive impose le marquage CE et garantit que les matériels respectent les exigences essentielles de sécurité. Les normes
CEI 60364 complètent ce dispositif en fournissant un cadre technique international pour les installations électriques des bâtiments.
Le processus de certification par le Consuel
Le
Comité National pour la Sécurité des Usagers de l'Électricité (Consuel) supervise la conformité des installations électriques avant leur première mise sous tension. Ce processus de certification comprend plusieurs étapes obligatoires :
L'installateur doit établir un dossier technique comportant une
attestation de conformité, un rapport de vérification réalisé par un organisme agréé, et un schéma détaillé de l'installation. Ce dossier doit être transmis au Consuel
vingt jours avant la mise sous tension prévue. Le Consuel examine alors la documentation et peut procéder à des vérifications complémentaires sur site.
Contrôles périodiques obligatoires
Au-delà de la mise en service initiale, la réglementation française impose des
vérifications périodiques des installations électriques industrielles. Ces contrôles, effectués par des organismes agréés, doivent respecter la périodicité définie par les articles R. 4226-1 à R. 4226-21 du Code du travail. Chaque contrôle fait l'objet d'une inscription sur un registre tenu à disposition de l'inspection du travail.
Implications légales de la non-conformité
Le non-respect des normes électriques expose les entreprises à de lourdes responsabilités. En cas d'accident, la
responsabilité pénale du chef d'établissement peut être engagée pour mise en danger de la vie d'autrui ou homicide involontaire. Les sanctions civiles incluent l'indemnisation des victimes et la prise en charge des dommages matériels.
La législation française prévoit également des
sanctions administratives : mise en demeure par l'inspection du travail, arrêt temporaire d'activité, et amendes pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros pour les entreprises récidivistes. Les assureurs peuvent par ailleurs refuser leur garantie en cas de sinistre survenant sur une installation non conforme.
Cette approche réglementaire stricte vise à protéger les travailleurs contre les risques de choc électrique, brûlure, incendie et explosion d'origine électrique, tout en garantissant la continuité d'exploitation des installations industrielles.